septembre 28, 2023

Les monte ta conf 2024

Les monte ta conf 2024

Parler à la première personne est un art plus difficile qu'il n'y parait. Paradoxalement, tout le monde sait raconter une histoire marquante qui lui est arrivé, mais se présenter au monde, publiquement en osant dire :"j'ai appris quelque chose d'important en vivant ça", est un acte de résistance majeure.

Ce savoir là, celui qui vient du vécu, des tripes, est un savoir qui vous situe, qui vous rend capable de comprendre comment vous êtes arrivé à la place où vous êtes, et l'éventuel décalage entre le récit médiatique, ou les récits familiaux, sur qui vous êtes.

C'est dans ce décalage que le politique se niche. C'est pour cette raison que la posture d'accompagnement des stagiaires en Monte ta conf, pour la coopérative citoyenne, n'est pas de se servir du récit de vie pour illustrer une théorie. La conférence gesticulée n'est pas que pédagogique, même si cette dimension peut être présente. C'est quand émerge de par l'expérience de vie même, l'éclatante vérité du décalage entre ce que le discours néo libéral nous dit du monde, et le monde, que le débat et la lutte s'engagent. Ainsi les savoirs issus de la recherche nous intéressent-ils comme mortier pour coller ensemble les mosaïques de nos vies, pour permettre aux différents récits de se lier et former une conscience commune.

"De même la misère disparait devant les idées de la misère. La vie devant les idées de la vie." écrivait Paul Nizan dans "les chiens de garde". Loin des discours, chacune et chacun peut enfin dire qui elle/il est, dans ce monde, et trouver suffisamment de légitimité et de solidarité pour n'avoir ni honte, ni peur de monter sur scène et jouer sa vie.

La conférence gesticulée est un objet scénique, avec tout ce que cela comporte de poésie et de jeu. Sans être comédien·ne, dans ce dévoilement de soi qui dévoile à sa suite un morceau du monde que les dominant·es aimeraient laisser dans l'ombre, la force du spectacle prend un sens particulier.

"Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, au 20 rue monsieurs le prince,
Un jeune homme nommé malik a été tabassé à mort.
Une voix dit: "plus jamais ça!"

La poésie n'est pas que belle, elle est rebelle.
Il y a des centaines de silences qui assassinent pendant des siècles et des siècles.
Nos oreilles sont là pour nous tenir éveillés.
Il y a des réveille-matin qui sonnent comme des clairons,
Il y en a peu qui chantent des berceuses."

Julos beaucarne