Arpentage vidéo de "Révolutions"

Confinement oblige, on s'appelle, on s'écrit des mails, on se laisse des messages audios, vidéos..

Les arpentages, cette forme de partage de lectures qui permettent de lire des livres qu'on ne se serait pas crus cap de lire, et d'y découvrir non seulement ce qu'a dit l'auteur, mais aussi ce qu'ont ressenti les autres personnes qui ont lu, à quoi ça fait écho dans leur vie... les arpentages donc, autour d'une bière, dans la chaleur du collectif, en temps de confinement, on fait comment ?

Depuis le temps que je voulais lire ce bouquin en entier, et tirer la substantifique moelle de toutes ces révolutions, de l'Angleterre, isolée dans sa deuxième moitié de XIXè siècle, qui coupe la tête de Charles Ier et installe un Cromwell puritain au pouvoir. Déjà la question de la propriété privée est en jeu pour imaginer une société plus juste. Les niveleurs, une des nombreuses sectes puritaines de l'époque, considéraient que Dieu n'avait pas créé l'homme pour qu'il asservisse son prochain et pronait une répartition égalitaire... Bon, ils n'ont pas eu gain de cause évidemment. et Cromwell a massacré les irlandais, peuple colonisé s'il en est.

Si vous aimez l'Irlande, ce roman raconte la vie des irlandais pendant la grande famine de 1847, et l'émigration vers l'amérique. C'est pas gai gai, mais c'est beau.

Mais au fil des descriptions on comprend que les révolutions ont une forme de typologie. Avec le recul du temps et des recherches, on peut donner une définition et des critères : un changement radical de régime politique, qui se fait par la violence, plus ou moins sanglante, et se distingue d'un coup d'état par la présence des masses populaires.

D'un besoin de plus de droits civiques, on passe de monarchies à des régimes libéraux. Au milieu du XIXè siècle, l'Europe fait des révolutions différentes : Face à une monarchie absolue, une révolution libérale, face à une monarchie libérale, une révolution démocratique et sociale. En filigrane la question coloniale est toujours présente, en germe dans la révolution américaine, présente en 1789 avec les idées abolitionnistes, mais c'est plus tard, en même temps qu'on passe de révolutions sociales à socialistes, que la question décoloniale va se mélanger.

Plus on entre dans la période contemporaine plus il est difficile d'interprêter les révolutions. Mathilde larrère nous le rappelle : Longtemps après c'est facile de démêler tout ça, mais sur le coup... c'est le bordel.

Ce qui va se dessiner aussi clairement comme critère, à partir de 1848, c'est que pour qu'il y ait révolution, il faut que le pouvoir soit délégitimé. La révolution "des ventres creux" ne se fait pas. C'est le sentiment général que le pouvoir en place est incapable, sourd, aveugle, brutal, qui donne aux émeutes le souffle pour passer à la révolution.

On voit aussi apparaitre des figures révolutionnaires, qui vont peupler notre imaginaire collectif. L'étudiant ! Les étudiants de polytechnique, et la bataille du pont d'Arcole vont en poser la première pierre en 1830, pendant les 3 glorieuses. on pourrait penser que les étudiants sont révolutionnaires de part leur âge, ou par essence. Mais ce n'est pas le seul accès au savoir ou l'âge qui joue, c'est aussi le travail de discussion politique, la possibilité donnée à une population de mettre en question ce qui est, qui donne à ces étudiants la possibilité de se mettre en révolution, alors qu'ils sont clairement des jeunes de la haute, et n'auraient pas grand intérêt à remettre ce statut privilégié en cause.

Autre chose qui me frappe, arrivée au printemps des peuples de 1848, c'est la force de l'idéal. Marx, figure montante, qui publie avec Engels le manifeste du parti communiste juste avant que la révolution de février ne démarre en France et ne se propage partout en Europe, fait de la contre révolution de juillet 1848 la première bataille de la lutte des classes. Or, sociologiquement, il y a des ouvriers et des bourgeois des deux côtés de la barricade. L'envie de révolution peut prendre des gens dont le statut social n'y a pas intéret, par idéalisme.

Enfin, les armées restent encore fidèles aux rois. Partout, les batailles et les barricades se font dans la rue des villes, mais la majorité de la population est à la campagne. Cette période va donc conduire les dirigeants bourgeois à concevoir des avenues claires pour contenir plus facilement les émeutes, et à s'appuyer sur les campagnes, craintives de tout ce désordre.